Ed Cherry Quartet

Le guitariste Ed Cherry possède de solides connaissances dans le domaine des teintes et des grooves de la musique afro-américaine. Sa maîtrise de l’idiome est audible dans son jeu de guitare chaleureux et chantant. Pendant les trois dernières décennies, le musicien newyorkais a joué et enregistré avec les plus respectés des musiciens du jazz et du blues, dont Dizzy Gillespie, Henry Threadgill, Kenny Burrell, Ruth Brown, Steve Coleman, Paquito D’Rivera, Freddie Hubbard, Carmen McRae, James Moody, David Murray, Claudio Roditi, Jimmy Smith, Sarah Vaughan et Roy Hargrove; il a aussi été lui-même un leader de groupe exceptionnel.

« C’est du blues que j’ai hérité ma conception de la guitare », affirme-t-il. « J’ai toujours adoré les bluesmen comme Muddy Waters, Albert King et B.B. King, que j’ai vu à l’âge de 16 ans. Cette dernière prestation m’a accompagné durant toute mon évolution de musicien. J’appréciais aussi les musiciens de jazz qui penchaient parfois vers le blues; j’aimais bien Charlie Parker, Wes Montgomery, Grant Green. J’avais aussi un faible pour les artistes au regard tourné vers l’avenir, comme les guitaristes Jimi Hendrix, Sonny Sharrock, John McLaughlin… des musiciens tournés vers l’avenir. J’essaie de concilier les deux approches et de m’assurer que le blues et la tradition demeurent le plus transparent dans mon jeu ».

Né le 12 octobre 1954 à New Haven, au Connecticut, Cherry commence à jouer de la guitare à 12 ans. « J’ai grandi en écoutant du jazz et de la musique pop, à l’époque du Motown et des Beatles », raconte Cherry. « Enfant, j’étais fasciné par l’apparence et les sonorités de la guitare. Mon pére était amateur de jazz et je me rappelle lorsqu’il écoutait des disques de Grant Green à la maison. Ça m’a mis la puce à l’oreille, ainsi qu’entendre Bud Powell, Charlie Parker et Dizzy Gillespie. La musique m’est restée très jeune, par contre je n’ai commencé à écouter vraiment du jazz qu’à partir de 18, 19 ou 20 ans.

Cherry obtient son diplôme de l’Amity High School de Woodbridge, Connecticut, en 1972 et est admis à la Berklee School of Music de Boston l’année suivante. Sa première véritable expérience sur la route est vécue au sein des 5 Satins de 1973 à 1975, et il travaille également avec le maître organiste Jimmy McGriff. En 1976, Cherry étudie auprès du guitariste Bruce Johnson et au sein de Jazzmobile avec le légendaire guitariste Ted Dunbar. Deux ans plus tard, Cherry déménage à New York. De 1978 à 1992, il joue avec Dizzy Gillespie. En 1987, Cherry accompagne Gillespie en tournée de l’Afrique de l’Ouest, financée par le State Department, avec le trompettiste, tous les deux passant à la télévision. Cherry joue au sein du quatuor et du big band de Gillespie, ainsi qu’avec son United Nation Orchestra, qui enregistre Live at Royal Festival Hall (Enja), remportant un Grammy Award. « J’ai tant appris en travaillant avec le groupe de Dizzy », se rappelle Cherry avec bonheur; « J’ai appris à gérer les fans, les amis, choisir les membres d’un groupe et les réactions de l’auditoire. C’était un peu comme l’Université de DG : Dizzy Gillespie ».

Gillespie est décédé en 1993 et Cherry sort son premier disque à titre de leader, First Take (Groovin' High), la même année. Cherry travaille aussi avec le compositeur et saxophoniste Henry Threadgill pendant deux ans. « Henry m’a appris l’importance de la répétition. C’est une musique difficile, et on doit donc la répéter plusieurs fois; Il m’a fait réaliser l’importance de créer sa propre musique et de trouver la bonne combinaison de musiciens qui produiront un bon son ».

En 1995, Cherry released son deuxième projet à titre d’artiste soliste, intitulé A Second Look (Groovin' High). De 1997 à 1998, Cherry travaille au sein du groupe de jazz latin de Roy Hargrove, Crisol, qui joue à La Havane, à Cuba. En 2001, Cherry effectue une tournée de l’Europe pour la première fois avec son propre groupe. De plus, son plus récent CD, The Spirit Speaks, est paru sur la maison de disques canadienne Justin Time. Inspiré par le joueur d’orgue Jimmy Smith, avec qui il a travaillé, et par le son du trio à orgue, The Spirit Speaks met en vedette le saxophoniste alto Joe Ford, le batteur Nasheet Waits et le joueur d’orgue Dr. Lonnie Smith, avec qui Cherry a joué à la fin des années 1970. « J’ai toujours adoré jouer de l’orgue », raconte Cherry. « Une de mes premières expériences avec le jazz, alors que j’habitais encore ma ville natale, fut de voir Bobby et Eddie Buster. C’étaient d’excellents organistes, et leur son m’habite toujours ».

En plus de son travail admirable à titre d’accompagnateur ou à titre de leader très prisé des critiques, Ed Cherry possède aussi un impressionnant curriculum en tant qu’éducateur musical. Il enseigne la guitare au Essex Community College de Newark, au New Jersey de 1995 à 1996, et au Henry Street Settlement de New York de 1996 à 1997. Il fait également partie de la faculté de la Montclair State University, de la School of Fine and Performing Arts pour J.O.Y. (Jazz Opportunity for Youth). « Je demande aux étudiants d’écouter les maîtres. Je les sensibilise aux outils de base de l’instrument », dit-il. « Il y a tellement de guitaristes qui jouent à l’oreille, et lorsque vous leur demandez de jouer une gamme en C ou une simple mélodie, ils sont embarrassés; je leur montre donc tout de suite les bases, ensuite, c’est un plaisir pour moi de les voir évoluer ».

À titre de guitariste, d’accompagnateur, d’artiste solo et d’éducateur, l’esprit du jazz communique à travers l’extraordinaire talent de musicien d’Ed Cherry.